la réalité |
|
|
Origine des peuples, voir "Océanie" |
Société Kanak, organisation administrative.
Grands et petits chefs (de clan). L'autorité du Chef couvre traditions orales et croyances - il n'y avait pas d'écriture à l'époque - soit la vie quotidienne, administrative, festive et spirituelle. Je n'y connais pas d'autorité religieuse. En marge, la sorcellerie a existé comme partout. La colonisation a d'ailleurs interdit et détruit beaucoup de ce qui existait, qui n'a pu être sauvé, ou qui a été oublié. Pratiques ésotériques en premier, rien ne devant s'opposer à la "coutume" française et à la religion catholique (le droit du citoyen était soit quasi militaire, soit celui des puissances locales). |
Mais rien n'est jamais acquis sans contestation.
© 2001 Hachette Multimédia. je cite "Étranger à la communauté qui l'accueille, le chef a davantage de devoirs que de droits. (note "hibis": "Etranger à". L'affaire n'est pas claire car si l'Etat français a créé les tribus et nommé les premiers chefs coutumiers, avec un rang, les choix se sont progressivement effectués, consensus ou influence, en interne. Ce beau texte est donc très flou, comme peut-être, est la réalité). "Il peut en permanence être rejeté et destitué par ceux qui l'ont installé et qui se définissent comme ses sujets consentants. Les titres de noblesse sont donc portés par les branches aînées du clan, par les plus vieilles familles d'un terroir ou par les étrangers accueillis comme chefs". "La société kanake n'en est pas stable pour autant puisque chacun peut, en fonction de ses intérêts et de ceux de sa parentèle, élaborer des stratégies d'alliances efficaces pour l'obtention de titres, en remettant en cause les situations établies. Autrefois les conflits se résolvaient par la violence physique et guerrière. Cependant, la société kanake, qui repose sur la circulation des titres et de la parole, accorde une place plus importante aux réseaux de relations humaines qu'à la richesse matérielle." fin de citation. |
Très tôt, l'administration française Le chef de tribu. Il contrôle un territoire qui, contrairement à nos conceptions occidentales, n'est pas une municipalité. Et l'on n'y entre donc pas comme tel. L'allégeance (respect) au Chef doit être marquée par le respect (des chefs de tribu s'en excuseraient presque de nos jours), le cadeau (la coutume), l'entretien si l'on veut y circuler, ou satisfaire sa curiosité. Enfin, cela dépend aussi de l'importance du chef. Des palabres Et tout évolue vers moins de formalités. Les décisions importantes ou extraordinaires se prennent en collégialité par la tenue de "palabres". Cela peut prendre du temps. |
Une histoire, la mienne (hibis). A l'époque (1968), nous avions le projet d'installer une antenne télécomn dans une tribu perchée au sommet d'une hauteur noyée dans la végétation luxuriante d'un col. Et nous devions obligatoirement rencontrer le Chef, sans faire la coutume car notre fonction administrative nous en dispensait. Ce petit chef nous a reçu dehors autour d'une table bien située, d'où la vue portait loin sur la nature vierge. Nous devions lui expliquer nos intentions pour obtenir son accord. Deux boissons ont été offertes au choix, une bière chaude pour moi, un café pour mon collègue, si fort qu'il avait failli se trouver mal ! Un téléphone qui fonctionnait en permanence avec très peu de matériel installé l'a intéressé. Nous l'avons quitté avec les politesses d'usage. |
Un panneau qui prête à rire, mais à tort car sans l'affirmer si ouvertement, nous pratiquons de même (*). Au cas présent, voici ce qui est écrit, en kanak et français, sur le panneau : (*) La taille du chef (ou sa hauteur). La considération particulière du plus grand et fort est purement physique et animale (la forece, cerveau reptilien). Ne dit-on pas, "qu'il est grand !". La taille (ou la hauteur) impose le respect et assigne l'infériorité. C'est si vrai que des dirigeants peuvent avoir des chaises et fauteuils surélevés. A défaut, ils y placent des coussins. "asseyez vous donc"! la station debout dérange celui qui est assis (plus encore si cela inverse un protocole). Le mobilier ; estrades, podiums, hauts comptoirs, relèvent du même concept (bibliothèques anciennes, Education, Justice, banques et administations d'autrefois..). ci-contre, parements symboliques d'une entrée de case du chef. La flèche faîtière témoigne aussi de son importance; des plantes et arbustes significatifs complètent son environnement.
Leurs divisions ont conduit à une multiplicité de langages, qui se comptent parfois par centaines sur un territoire minuscule ! contrairement aux Polynésiens (et aussi peut-être les Micronésiens), voyageurs dand l'âme, les jeunes Mélanésiens ne cherchent pas à émigrer pour connaître nos riches et enviables sociétés (Australie, Côte ouest américaine, France)". Geo janvier 2003. Marque d'entrée de territoire d'une tribu (au Nord), photo Une bien agréable tribu mais toutes ne sont pas sur ce modèle et l'on en voit bâties de parpaings et de tôle dans un milieu naturel plus austère qui ressemblent à des bidons ville. Une grande case ou une place permet de réunir les habitants. Dans la tribu on cultive traditionnellement ignames, manioc, tarots, bananiers, café parfois qui était autrefois un source de revenus (en perte pour différentes raisons)
Le progrès à tout prix : la case traditionnelle s'efface devant le parpaing et la tôle,
plus rapides à monter, plus durables et vitrines du progrès des blancs. Il est vrai qu'une case traditionnelle
représente un travail très important : Chercher et couper le bois, puis l'assembler, tresser les
palmes pour le toit et les garnitures intérieures, tout cela pour une durée de vie inférieure
à deux décennies. |
Tradition kanak : dans les îles, pour perpétuer la tradition mais aussi pour maintenir le savoir faire qui se perd, les petits chefs imposent
parfois de construire une case à côté de la maison "en dur couverte de tôle.
Précisions de Patrick sur ce sujet: "Une amie de passage m'avait livré cette même réflexion. Je lui avais répondu, crois-tu qu'ils dormaient dans le
fossé, avant de faire construire leur maison en dur ? Par contre, il est vrai que la case conservée est le plus souvent reconstruite, lorsqu'elle
est trop délabrée. Tant il est vrai qu'elle continue à être utile, au même titre que nos appentis et extensions diverses ou abris de jardin.
"La coutume" ou cadeau coutumier.
Indispensable démonstration de politesse et de respect, il contient quelques billets ou un paquet de cigarette, une bière, le tout enveloppé dans un morceau de tissu: n'allons pas jusqu'aux poils de roussette, mais ne confectionnez pas un paquet cadeau !
Le plus simple est l'argent, soit environ 1000 CFP. billet de la photo de l'Office du tourisme, soit près de 8 euros (100 CFP = 0.838 Euro).
Pour quelque chose de très important, comme une construction, un projet d'équipement, même si cela nous semble évident (réserve d'eau, panneau solaire, téléphone..), le palabre est indispensable.
Il mettra en jeu d'autres membres de la tribu, lesquels écoutent le chef puis donnent leur avis (ce qui peut s'éterniser).
Ce que l'on appelle donc "la coutume", peut aussi dissimuler des intérêts et un mécontentement d'un chef insuffisamment
payé. Comme chez nous, la susceptibilité existe. Ainsi, une fois, un bateau rapide ne pouvait plus aborder à Ouvéa !
Pourquoi ? la vue de quelqu'un capte l'attention et l'on est moins réceptif à ce qu'il dit. Qu'en pensez vous ? avez vous remarqué que la télévision est bien souvent écoutée avec un son fort ? plus fort que lorsqu'on écoute la radio. On sait bien, par la malheureuse expérience de quelques uns, que la perte d'un de nos sens accroît la sensibilité des autres. En état d'alerte/anomalie, nous focalisons de même, un état largement mis à profit par les prestidigitateurs et les voleurs. |
Flèche faîtière de case de kanala |
Hache de pierre kanak souvenir,
avec ses poils de roussette et pendentifs de coquillages.
Celle-ci est une reproduction pour touristes de ma modetse collection, offerte par une amie calédonienne de souche, Patricia. Elle est assez ressemblante à la vraie, bien que très petite.
Casse-tête mais surtout ornement symbolique d'apparat, elle marque le rang du chef ou autre personnage important. Elle est également dite "bâton de pluie" car lors
de cérémonies, le chef frappait symboliquement le soleil pour faire pleuvoir.
|
Grandes fêtes, confection de chapeaux tressés, jeux de cricket pour les popinées, danses "pilou pilou" et "bougna" final (plats au four de pierres. |
Case traditionnelle en construction. L'identité réaffirmée s'exprime également par un retour à l'habitat traditionnel - un peu folklorique - qui trouve sa place à côté de cabanes ou de maisons en parpaings conventionnelles et plus confortables. Le tourisme ainsi que la nécessité d'entretenir un savoir faire contribuent à la démarche. | Une grande case permet d'accueillir toute manifestation. Ici, dans le sud, réunion de la population locale pour un sujet très épineux - à juste titre - celui de l'implantation de l'usine de nickel qui doit déverser des effluents dans le lagon. Cette usine traite le nickel à faible teneur par un procédé chimique à l'acide. L'Etat français; signataire des accords sur l'interdiction des rejets en mer; répond que ce n'est pas en mer, mais dans le lagon; le lagon sud est classé !! |
Les danses et le bougna (repas) en sont les moments forts, mais il y a aussi les chants, le jeu (cricket), la confection des chapeaux..
|
Photo La démographie est un moyen redoutable pour gagner. Le visiteur d'aujourd'hui verra sans doute ces mêmes bandes enfants curieux, souriants et joyeux. La tribu, plus ou moins modernisée, plus ou moins factice (au sens où son rôle ne serait plus primordial, tendance toutistique), n'est pas près de disparaître. "Le gouvernement français avait donc encouragé l'installation des colons et la venue des métros pour compenser"
|
Le repas : ignames au lait de coco, manioc cuit dans une feuille, cerf, crabes.. et Il n'y a pas de gros poissons dans les rivières, mais on y pêche des crevettes d'eau douce, en particulier dans la Ouaïème pour le cas cité. Ils mangent aussi des graines d'une cosse d'un arbre, rappelant nos petits pois, et dont le nom phonétique serait "la breuvade" ou quelque chose comme ça. |
Extraits du roman "les filles de la Néama" de Paul Bloc :" les âmes sortent et se vengent des vivants. Nenegut est l'âme du
monde ; c'est un dieu, mais qui s'occupe peu des canaques ; c'est plutôt au diable qu'ils ont à faire. Il y a des diables, des génies partout. Les forêts, les fleuves, la mer ont les leurs ; ils ont leurs
retraites et malheur à qui y pénètre : il meurt immédiatement. Les sorciers voient les diables et on ne doit rien faire sans les consulter. Le sorcier va voir les morts et
cause avec eux. Ceux-ci ne sont pas enfouis dans les arbres mais sont suspendus dans les arbres ou dans les creux de rochers. Ils doivent
voir se qui se passe sur la terre ; on met auprès d'eux des vivres et des armes".
|
- "Les filles de la Neama et le colon Broussard" de Paul Bloc, une vue d'époque sur la vie des tribus de la mer et de la montagne, ainsi que des
colons; cannibalisme.
- "L´appel du Pacifique" débuts Anglo-français du Caillou, Lifou, la traite des indigènes des îles éloignées, par Denise-Aurore Pentecost ("Tu ne mangeras pas ton
voisin ni les missionnaires").
Connaissance du pays.
A l'arrivée des européens, le pays était divisé en un très grand nombre de tribus (chefferies) qui ne se comprenaient pas entre elles et guerroyaient à l'occasion, à l'instar des polynésiens (eux, se comprenaient de la Nouvelle Zélande à Hawaï). Les îles se distinguaient par leur position et des contacts avec les polynésiens avaient ou avaient eu lieu dans le passé. Leurs dialectes en sont influencés et les restes d'embarcations ressemblantes, d'assez grande taille, en témoignent.
Des familles y sont restées et les noms à consonance anglaise ne sont pas rares, comme les Ohlen, Nixon, Winchester, Pentecost (Australie). Dans le nord, les deux communautés ont existé pacifiquement, chacune avec leur territoire. L'un des Winchester, rencontré au salon du tourisme à Paris, commerçant au Mont Dore (bijoux, gravures) , vous en parlerait avec beaucoup de conviction. |
En 1853, le gouvernement impérial français se préoccupe de trouver une terre pour y établir
une colonie pénitentiaire. Napoléon III ordonne alors la prise de possession et le 24 septembre
1853, l'amiral Auguste Febvrier-Despointes fait à nouveau hisser le drapeau français à Balade,
puis le 29, sur l'île des Pins. Sans doute profite-t-on de l'alliance que recherche l'Angleterre avec
la France en Méditerranée. L'Australie, elle, n'apprécie pas ce changement. |
|
Je tente ici de faire le point sur une courte période vécue là-bas (1967/1970), avec l'expérience d'anciens calédoniens ou métros installés, très "colons" ou modérés,
Nouméens ou broussards, kanakes que j'ai côtoyés, chefs de tribus qui m'ont reçu (professionnellement, pour quelque modeste implantation de matériel téléphonique).
On ne fréquentait pas les kanaks car à l'époque, l'écart était encore très important, la langue et la culture un obstacle, la dominance Blanche encore trop forte. Le kanak ne serrait pas la main et ne regardait pas droit dans les yeux comme nous le faisons. Quelqu'un m'a dit à l'époque ce que je n'aurais jamais imaginé : "tu es pour eux un grand chef". Je voyais bien qu'ils étaient gênés de me serrer la main car ils ne savaient pas le faire. J'étais un grand chef, mais pas sur un trône car là-bas, le Chef est responsable et révocable. J'étais donc responsable et coupable devant eux quand quelque chose n'allait pas et ils savaient le faire comprendre, encouragés par quelque caldoche de mon service, trop heureux de pouvoir "coincer" un zoreille. J'évoque donc quelques inévitables conflits des deux bords, sans omettre les menaces proférées par quelques calédoniens que je voulais faire travailler correctement
(ils me préparaient parfois des coups bas que je devais déjouer). Le fait que j'étais le premier "métro" à être nommé au service des Télécommunications de l'office des Postes, sans aucune culture d'outre-mer,
ni aucune préparation selon le bon modèle français, ne m'avantageait pas car dans ma profession, en plus des travaux sur le terrain venaient s'imbriquer de multiples implications et influences diverses.
Les attaques contre les "métros" fonctionnaires, dont les enseignants qui étaient particulièrement visés, étaient monnaie courante dans les journaux et les services ; je passe les vacheries sous silence,
y compris l'alliance opportuniste caldoche-kanak quand le moment était propice pour les remonter, dès lors que je tentais d'obtenir un résultat raisonnablement productif et qualitatif, des deux parties.
|
C'est toujours d'actualité. J'en cite dans "c'est la vie" (lien en bas). Pour moi c'était "si vous continuez comme ça,
j'en parle à mon ami de l'Assemblée Territoriale et vous n'allez pas rester longtemps". De retour en 1999, en allant rendre visite aimablement en
retraité et collègue, laissant ma qualité d'ancien "chef" derrière, pour faire revivre quelques souvenirs, j'ai très fortement ressenti la même
aversion viscérale dans deux cas les plus tipés de l'époque, vis à vis des kanaks.
Des gens évolués pourtant, capables et avec lesquels on pouvait avancer. Je dois dire que leurs enfants étaient pire
qu'eux à l'époque, carrément provocateurs et grossiers et que ça ne s'est pas arrangé chez certains.
heureusement que beaucoup d'autres m'ont revu avec beaucoup plaisir, sans que je puisse, faute de temps, répondre à leur invitation. Certes, les français métropolitains n'étaient pas exempts de travers, car il n'y a jamais d'un côté les bons et de l'autre, les méchants : leurs certitudes et leurs idées toutes faites, en toute inconscience des particularités locales, pouvaient faire germer des incompréhensions graves comme celles relatives aux premiers ponts, emportés à peine construits par de violentes crues, charriant d'énormes touffes de bambous et arbres dont on ne s'était pas même inquiété ; ou encore l'incompréhension des matériels non adaptés ou inutilisables, reçus après six mois d'attente, sans parler des problèmes d'approvisionnement en pièces détachées. Il faut préciser que les calédoniens avaient connu chez eux les américains et côtoyaient Néo Zélandais et Australiens, plus pragmatiques, possédant de meilleurs matériels techniques. J'ai vite pris conscience de cela après en avoir été choqué, au point d'acheter certains matériels de télécommunication en Nouvelle Zélande, Australie, USA, Allemagne. N'en recherchons pas les causes, elles sont multiples et semblent être attachées pour des siècles à notre socialisation. Toujours placé sous perfusion de nickel, miné par la politique comme le sont tous nos pays d'Outre-mer, on aimerait pourtant que tout le monde s'entende sur un partage équitable. mais c'est sans compter les influences de tout bord et les énormes intérêts financiers. Bref, ce n'est guère réaliste. |
La vie judiciaire du caillou.
Un gendarme "Pacha" d'un groupe héliporté m'a écrit ceci; je cite : "Début 90, un brave kanak , libéré du camp "ouest ou est" de NMA, je ne me souviens plus du nom, devait rejoindre son île d'Ouvéa. Il avait été impliqué dans un meurtre. Nous avons atterri à Ouvéa , entourés d'engins blindés de la gendarmerie.. ballade jusqu'à la tribu, sans jets de pierres". |
Ces confidences se situant dans les années 90, la tension signalée provient ici tout particulèrement des morts de la grotte d'Ouvéa :
Je cite : "Pour mémoire: les
rares femmes de la brigade de gendarmes d'Ouvéa étaient accompagnées par des gendarmes en armes lorsqu'elles allaient se baigner"
"Le cannabis pousse à Ouvéa mais les gendarmes ferment les yeux" ; pas seulement à Ouvéa. Les règles de la République n'ont pas cours dans les tribu. |
Je cite ci-après le commentaire de la Presse locale:
Un autre kanak : "Pourquoiles blancs travaillent-ils ? Pourquoi sont-ils toujours pressés ? Pourquoi prennent-t-ils tant de peine pour extraire de la montagne des pierres et de la terre qu'ils mettent dans des bateaux ? Pourquoi tant d'effort, de soucis ? Quand on peut manger, s'abriter et faire l'amour, pourquoi chercher autre chose" ?
|
La grotte d'Ouvéa
|
Les évènements des années 80. Le point de vue d'un calédonien activiste, Guy Dijou>.
Guy Dijou, activiste blanc incarcéré, conteste et réfute tout. Il relate une période très éprouvante dont l'issue a sans doute permis d'établir, dans toute la Nouvelle Calédonie, un meilleur équilibre social. Ce que rapporte M. Dijou, sans concession ni regret, parfois avec grossièreté, ne peut laisser indifférent. Sa pugnacité et son insistance - voire ses répétitions - ou sa vision partiale même des choses, ne doivent pas cacher la faculté qu'il a de pouvoir traduire les faits en une synthèse précise et détaillée, au terme d'un énorme travail de 219 pages .. qui suscite bien des interrogations. Il y fustige les services de la République Française et en dénonce les carences et anomalies selon lui constatées – documents perdus, dates faussées, dénonciations, influence, complots. Il s´interroge pour des fusils dont la culasse a été enlevée, ou sur un trafic d'armes - mais pour qui donc ? Il évoque les manipulations qui auraient visé à faire s'opposer les différents mouvements kanaks, ou les kanaks et les calédoniens et peut tout aussi bien respecter un militaire qu'il trouve honnête. Au-delà de sa propre condition au sein de la dominance française "qui ne respecte pas ses propres lois", il s'exprime sur le pénitencier ou s'adresse au président de la République Française. Il vogue parallèlement sur une multitude d'autres sujets, évoquant au passage un peu de tout, des faits politiques (le Rainbow Warrior, l'Algérie, la Palestine, le terrorisme international, les irlandais de Vincennes, le Rwanda, la Corse..), et traverse la science, la religion, la philosophie ou la spiritualité jusqu'au mysticisme, dénonce la corruption des marchés, le contrôle de l'information ou la prééminence des francs-maçons, etc. Ses détours ne lui font jamais perdre son fil conducteur, qui le ramène toujours vers la France, ses interventions militaires et toutes ses "saloperies". Le tout avec quelques flèches à l'humour grinçant. |
C'est infiniment plus agréable. En plus de l'émancipation, l'instruction, et surtout la connaissance du français, y sont sans doute pour quelque chose. Ceux que j'ai connus avaient la tribu pour milieu social, avec son Chef, ne parlaient guère le français, ne serraient pas la main et affichaient une certaine gêne sinon une soumission apparente. Ce n'était qu'une attitude et ils savaient exprimer, à leur manière, leur mécontentement. Les plus instruits, plus jeunes étaient naturellement contestataires. L'aversion non dissimulée de certains calédoniens (blancs) envers les métropolitains paraît toujours aussi forte. Il peut paraître étrange, vu de France métropolitaine, d'entendre parler ainsi, mais le passé est toujours vivace et je dis simplement ce que j'ai vécu, ce que je ressens actuellement et ce qui subsiste. Sans effet littéraire. Nous ne sommes pas kanaks, ils ne sont pas européens. Ils veulent ce que nous avons, sans trop d'inconvénients il est vrai, mais nous apprécions maintenant ce qu'ils ont protégé, et qui devient si rare, la nature. Mais que feront leurs enfants, devant les offres mirobolantes des promoteurs en tout genre ? Probablement ce qu'ils nous ont reproché, en bradant leurs terres en toute bonne conscience. C'est la vie. |
|