la réalité |
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Il y a passe et
passe : les
grandes passes sont larges et profondes : elles
correspondent à l'écoulement de l'eau d'une
rivière importante ; souvent, les gros bateaux
peuvent y passer. Il y a tout le long du récif une
multitude de petites passes qui ne sont que des entailles
peu profondes, ou seulement les petits bateaux peuvent
parfois s'aventurer.
Dans le cas qui suit, il s'agit d'un passage sur le récif lui-même mais la difficulté de revenir montre bien les risques encourus partout sur le récif, passe ou non. Ici, la vague entrante une fois passée, déposait littéralement les nageurs dans un courant de reflux, comme au bord de la plage avec le retrait de l'eau. Situation très périlleuse.
Passage du récif : le récit de Dédé.
"Nous
étions sur l'Ilot RONHUA au large sud de la grande
Ile HUGON. Le temps était extraordinaire, avec une
mer d'un calme rare. Nous allions plonger au Grand
Récif entre les deux passes de UITOE et SAINT VINCENT
et nous avions trouvé à l'intérieur du
récif un joli trou d'eau dans lequel nous avons
pêché quelques poissons. L'envie nous prend
alors de passer sur le tombant extérieur du
récif , pour chercher quelques langouste car la mer
ne déferlait pas sur le récif comme
d'habitude.
Le grand récif à cet endroit,
d'une centaine de mètres de large, est alors
recouvert par un mètre cinquante d'eau. Le paysage de
ce récif vivant était une vraie splendeur pour
nos yeux de Zoreilles (Français
métropolitain).
Nous traversons ce récif avec
une grande facilité, et nous débouchons d'un
seul coup sur le grand Bleu. Le Bleu Violet, de plus en plus
foncé lorsque l'on regarde vers le bas car le
récif est quasi vertical à perte de vue et ne
descend pas comme un flanc de montagne ; une sorte
d'angoisse prend à l'idée que quelque chose
pourrait surgir du néant.. "En bas", il sort quelque
chose, un poisson, on dirait qu'il est gros, puis d'autres
plus petits, ça sort de cette gigantesque muraille de
corail qui s'étire jusqu'à perte de vue,
ça y retourne. la terre est là dans notre dos
et je remarque que chacun d'entre nous se retourne
fréquemment vers le Bleu (le Large) pour
vérifier que rien ne se présente
d'inattendu.
Il est temps
de rentrer et nous nous engageons sur le récif en
sens inverse de l'aller. Mais des ondes venant du large
balaient la surface de l'eau sur une assez grande distance.
Nous nous dirigeons vers le bateau qui est une centaine de
mètres.
Une vague de houle, qui avance sur le
récif, nous dépasse et nous descendons d'un
mètre vers les cailloux sous notre ventre. Là,
un fort courant en sens inverse nous ramène en quelques
secondes à notre point de départ dans le Bleu.
Le retour n'était pas gagné.
Nous nous déplaçons d'une cinquantaine de mètres
espérant trouver un meilleur passage, mais cette
fois, nous attendons une vague plus haute et
recommençons ; arrivés en fin de poussée, nous plongeons sous l'eau pour nous agripper
au corail, en pensant lutter ainsi contre ce courant de
retour. Nous attendons donc au fond d'un mètre d'eau
furieuse, mais l'air nous manque et nous remontons pour
reprendre souffle et, lâchant prise, nous voila
repartis vers notre point de départ !! C’est à
ce moment là que la houle nous rattrape. Il nous faut
trouver un moyen de nous accrocher et de continuer à
respirer en surface. Je pense au fusil sous-marin, et
à la pointe de harpon au bout de la flèche.
Cet engin peut nous servir d'ancre. Je remonte à
l'assaut du récif , bien sur porté par une
haute vague mais cette fois-ci en palmant furieusement pour
essayer de gagner un maximum de terrain".
A l'aide de la flèche, nous réussissons à nous accrocher tous les trois cote à cote. Lorsque la vague nous dépasse et renvoyés dans le courant en retour nous constatons que nous sommes assez près de le surface pour respirer tant bien que mal par nos tubas, et nous pouvons attendre le retour de la vague suivante pour repartir à l'assaut des cinq mètres d'avancée suivants ; nous gagnons ainsi du terrain vers notre bateauNous nous battons ainsi pendant près de trois quart d'heure pour réussir à vaincre ces cent et quelques mètres de courant. Nous sommes complètement épuisés".
"Avant le départ nous étions persuadés que notre voyage aller et retour se ferait pendant ce que l'on appelle l'étale de marée. Nous ne savions pas que selon les lieux où l 'on se situe dans le lagon Calédonien il peut y avoir des différences de plusieurs heures entre les heures de marée diffusées par les médias et qui concernent NOUMEA et les heures de marée des lieux où l'on se trouve. Il existe un annuaire des marées très précis donnant ces informations pour l'année qu'il faut toujours avoir avec soi dans un bateau".
Dédé en a gardé un
sacré souvenir, bien perceptible dans
l'intensité du récit.
L'autre récit de Dédé
"Cela se passait à Unia en 1982. J'étais parti plonger un jour de grande marée basse avec trois copains plus expérimentés que moi, à l'extérieur du récif frangeant au sud de Touhaourou, entre Yaté et Goro. Là, le récif étant collé à la plage, nous l'avions traversé à pied pour nous mettre à l'eau directement dans les rouleaux qui déferlaient au bord du tombant.
En ce lieu le tombant
est moins impressionnant qu'entre les passes
précédentes car il descend en pente, comme une
colline de rochers.
Après notre nage-promenade tout le
long du bord, la mer avait monté et les vagues du
large brisaient sur le bord.
Dans l'eau et
derrière le rouleau on ne voit pas du tout le
récif sauf de l'intérieur de l'eau, par dessous
la surface.
Il nous faut rentrer maintenant et donc attendre une vague
favorable ; les rouleaux déferlant se
présentent par séries de trois en
général deux gros et un plus petit.
Pour éviter de se faire rouler sur les obstacles par la
vague il faut choisir la vague la moins haute, si possible
non déferlante et se lancer alors sur elle au bon
moment, à hauteur maximale, puis palmer fort pour
rester dessus en regardant bien devant soi.
En effet le courant de ta vague haute te crache littéralement à au
moins 20 km/h et à 50 cm au-dessus du récif
dont on ne peut pas dire qu'il est lisse (voir ci-dessous "le militaire"). Heureusement que
les palmes sont là. Elles permettent de très
bien contrôler ses mouvements à
l'intérieur du courant : mais il faut rester DEDANS et c'est lui
qui évite les obstacles. C'est la même chose
qu'en rivière et c'est tout aussi impressionnant".
TELEPHONE PORTABLE "cellulaire". Placé dans un sac transparent étanche il fonctionne bien, mais une fois dans l'eau, l'utiliser est une toute autre affaire ; CELLULAIRE ? oui, on est toujours entre trois émetteurs très rapprochés, donc à courte portée. Hors cellules, pas de salut, et il risque fort de ne pas y en avoir partout dans le lagon. Merci pour toute info à ce sujet. |
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