La Nouvelle Calédonie, je l'ai rappelé en premier lieu, c'est tout d'abord une colonie, avec ses brutalités et ses privations de tout.
En second lieu, c'est un bagne avec ses déportés de la commune, qui pour partie ont participé à la mise en valeur du pays lorsque des terres leur ont été intentionnellement attribuées. "Nous sommes des descendants de bagnards", rappellent volontiers les caldoches de souche avec plus ou moins de véracité si l'on prend en compte différents croisements génétiques. Mais le fond est là, irréductible. Et l'on ne manque pas de faire visiter les bagnes ou leur reconstitution. La tutelle de la France est toujours omniprésente, aucune prérogative d'importance ne sera abandonnée. Seuls au monde à maintenir une école nationale d'administration tout en villipendant les fonctionnaires, ce qui est cocasse, nous tenons également à faire coexister deux rivaux, le Président et son Premier Ministre, ce qui n'existe dans aucun pays, le premier personnage, Roi ou Président, n'ayant qu'un rôle consulatif et représentatif. Nous ne savons donc pas libérer en passant des accords commerciaux, tout en conservant d'étroites relations, dans l'intérêt des deux parties. Le référendum sur l'indépendance, toujours attendu, est une savante diplomatie devant aboutir légalement au "non". Il suffisair d'attendre et désormais, bien des intérêts en jeu, pour les trois parties - kanaks, calédoniens et gouvernement français, se rejoignent, plus puissants que les récriminations. Car bien des kanaks se satisfont de leur nouvelle vie, malgré les bas salaires et une pauvreté qui les affecte bien plus que les occidentaux et asiatiques. |
Le plus étrange est que rien de la Monique n'a été retrouvé, hormis une bouée. Quelques recherches, dont une au sonar, n'ont rien révélé. Le bateau aurait-il quitté sa route ? mystère. On ne connaît pas aujourd'hui, début 2018, le lieu du naufrage. En mars 2011, le robot sous-marin d'un navire cablier a été mis complaisemment à disposition de l'association "fortunes de mer". Une zone présumée "anormale" a été quadrillée, mais il ne s'agissait que d'un long dôme de corail, perdu au milieu de fonds sableux. |
Pour en savoir plus sur la Nouvelle Calédonie et son histoire, quelques ouvrages d'origine locale.
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Le bagne dit "des pauvres" était situé dans la presqu'ile de Nouville (Nouméa), mais il y avait d'autres lieux dont un au sud de l'ile, à Yaté.
Les cellules étaient Installées sur deux lignes de bâtiments qui se faisaient face, l'allée centrale étant dénommée "le boulevard du crime" en raison de la guillotine et des exécutions qui s'y déroulaient parfois (76 exécutions). Plusieurs centaines de bagnards y étaient détenus Reconstitution de cellule : les étroites cellules était presque entièrement recouvertes de planches surélevées qui servaient de couche: seule, une courte extrémité restait libre. |
Cellule vue au travers d'un guichet découpé dans la porte de bois (le panneau l'obturant est rabattu vers l'extérieur, formant plateau). On aperçoit une barre sur laquelle une chaîne peut coulisser. En rosé, le mur de droite et le fond de l'étroite cellule. Précision : tout autour de l'ouverture, le bois de la porte, trompeur. |
Ici le devant de la couche de planches surélevée avec, devant, un court espace au niveau du sol (un baquet y est disposé). On voit la courte chaîne à laquelle les détenus pouvaient être attachés si nécessaire. la barre est juste au-dessus. |
Source : émission TV. Je cite : "Entre 1867 et 1940, 22.000 condamnés de droit commun sont arrivés sur le territoire. Plus encore ont été embarqués en France car les conditions de transport
étaient très éprouvantes" (le mot est faible !)
Les condamnés étaient enfermés par 30 ou 40 dans des cages de fer situées au pont inférieur, et entravés. Ils avaient droit à une heure de sortie sur le pont par jour". |
"Ils étaient vêtus de blanc et portaient un chapeau de paille. La colonisation progressant, les kanaks étaient chassées des plaines vers la montagne, et des bagnards libérés y étaient installés à leur place sur des parcelles de terrain allouées par l'administration". |
Voir aussi " |
Bien des horreurs ont été perpétrées en ces temps de conquête, dont envers quelques groupes de japonais venus chercher du
travail dans les mines. Une fois utilisés, qualifiés de barbares, bon nombre d'entre eux furent tués ou envoyés dans des camps d'Australie ; leur sort ne
dut guère être meilleur. De nos jours, quelques uns ayant pu échapper au châtiment et même ouvrir boutique, leurs descendants s'efforcent de faire
vivre la mémoire, bien que leurs petits enfants soient devenus de vrais calédoniens.
En France aussi, un homme de couleur qui parle parfaitement le français surprend toujours, et bien plus encore si il a l'accent marseillais.
Voir aussi des gens" et "tribus"
Enfin nous sommes plus que discrets sur la période d'exclusion des Kanaks, la privation de leurs terres, leurs biens, leur vie sociale, leur condamnation pour des faits mineurs qu'il ne comprenaient pas,
leur enfermement dans ce qui a été dénommés des tribus, cloturées et dont ils n'avaient pas le droit de sortir.
Je n'aime pas l'utilisation abusive de vocabulaire excessif et déplacé comme il est assez courant de l'entendre aujourd'hui, et évoquer le goulag le serait sans doute car il n'y aurait pas eu d'extermination systématique dans d'épouvantables conditions.
Mais peut-être, comme en Polynésie ou ailleurs, une réduction drastique de la population due à diverses causes liées toutefois au nouveau "conditionnement".
On estime que, lorsque le capitaine James Cook découvrit, à bord du navire Résolution, la passe de Ballade le 5 septembre 1774, la Nouvelle-Calédonie
comptait environ 50 000 d'habitants. Mais combien après "la pemière grande révolte" ?
J'ai ajouté ce témoignage après avoir vu un reportage TV le 29 août 2017, le premier de ce genre, mais je suppose qu'il y a bien d'autre archives sur le sujet.
Conquête anglaise. Abordée par le nord, vers Balade, les anglais voulaient seulement y établir un dépôt de charbon. La Nouvelle Calédonie kanak et Européenne demeure fortement marquée par cette origine. Ce sont eux qui ont évangélisé les kakaks, les ont fait s'habiller, leur ont appris à jouer au cricket ! Les français ont poursuivi la conquête et se sont appropriés l'ensemble des terres, sauf celles des îles, qui étaient toutefois "administrées" ou à peu près.
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Histoire de la conquête.
"En 1853, legouvernement impérial français se préoccupe de trouver une terre pour y établir une colonie pénitentiaire. Napoléon III
ordonne alors la prise de possession et le 24 septembre 1853, l'amiral Auguste Febvrier-Despointes fait à
nouveau hisser le drapeau français à Balade, puis le 29, sur l'île des Pins. Sans doute profite-t-on de l'alliance que recherche l'Angleterre avec
la France en Méditerranée. L'Australie, elle, n'apprécie pas ce changement".
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Extraits condensés - avec quelques diversions - du livre de Denyse-Anne Pentecost "L'appel du Pacifique"
"C'est ainsi que le premier Pentecost, débarqué en Australie, finit "découpé en bons morceaux" après de nombreuses
années de navigations entre les proches îles du Pacifique. Il avait recueilli à son bord une femme de chef qui fuyait pour aller retrouver son amant, puis plus
tard, incendié un village pour le vol d'un fusil. Un Anglais converti français, marié à la fille du grand Chef de Maré Naisseline, apprécié partout mais qui
avait fini par commettre une erreur. Comme Cook, pour violences suite à un vol, comme bien d'autres. L'ambiance à Maré n'était pas toujours sereine. Il y avait
des désaccords entre chefferies sur le partage des terres, mais un autre problème avait surgi avec l'arrivée des frères maristes, catholiques français.
Le pasteur avait fait former le Chef Naisseline.à l'administration anglaise et oeuvrait pour que l'île retombe sous la coupe de l'Angleterre. L'administration
française fit incarcérer le chef, qui revînt avec de meilleurs sentiments envers le France, mais dut finalement "évacuer" l'incorrigible pasteur. Ce pasteur
socialisait par ailleurs les habitants, dont les enfants, à une époque où, sur l'île,
On ne fréquentait pas les kanaks car à l'époque, l'écart était encore très important, la langue et la culture un obstacle, la dominance Blanche encore trop forte. Le kanak ne serrait pas la main et ne regardait pas droit dans les yeux comme nous le faisons. Quelqu'un m'a dit à l'époque ce que je n'aurais jamais imaginé : "tu es pour eux un grand chef". Je voyais bien qu'ils étaient gênés de me serrer la main car ils ne savaient pas le faire. J'étais un grand chef, mais pas sur un trône car là-bas, le Chef est responsable et révocable. J'étais donc responsable et coupable devant eux quand quelque chose n'allait pas et ils savaient le faire comprendre.
J'évoque donc quelques inévitables conflits des deux bords, sans omettre les menaces proférées par quelques calédoniens que je voulais faire travailler correctement
(ils me préparaient parfois des coups bas que je devais déjouer). Le fait que j'ai été le premier "métro" à être nommé au service des Télécommunications de l'office des Postes, sans aucune culture d'outre-mer, ni aucune préparation selon le bon modèle français,
ne m'avantageait pas car dans ma profession, les travaux sur le terrain ne se pratiquaent pas toujours sans de multiples implications et influences. Les attaques contre les "métros" fonctionnaires, dont les enseignants, particulièrement visés, étaient monnaie courante dans les journaux et les services.
Je passe les vacheries, provocations et coups montés sous silence, y compris l'alliance opportuniste caldoche-kanak quand le moment était propice, dès lors que je tentais d'obtenir un résultat raisonnablement productif et qualitatif, n'était-ce qu'en tentant d'approcher ce qui se pratiquait dans le privé;
Un exemple : à la demande d'un collaborateur calédonien, j'avais fait acheter des imperméables pour les kanaks des lignes de Télécom (à croire qu'avant mon arrivée, on n'osait rien demander). Un jour, par une petite pluie, je trouve toute l'équipe bien à l'abri.
je leur fait remarquer qu'ils ont maintenant un imperméable et que ceux d'EDF, dans un autre secteur ou j'étais passé, travaillent. Collaborateur caldoche et kanaks se sont entendus pour organiser une protestation, tous réunis un beau matin pour me prendre au dépourvu !
Les fils de caldoches à qui on m'avait demander de donner des cours le soir, étaient encore plus odieuxs. Je m'en étais ouvert à leurs pères. La situaton s'est ensuite améliorée. J'ai travaillé pour leur pays sans arrogance et avec tous, mais avec fermeté.
j'ai admis et reconnu leurs critiques sur le matériel et les méthodes françaises comparé aux américains (dont ils ont tant profité), néo-zélandais ou australiens et j'ai fait commander certains matériels dans ces pays. J'ai étudié les situations dans le détail et je leur ai montré que copier certaines pratiques
était désastreuses quand on n'est pas dans le même environnement, bêtise que font tous ceux qui viennent appliquer ce qu'ils ont font ailleurs. On n'applique pas dans un autre pays le modèle social d'un autre sans que ce soit voué à l'échec. Il y a des consensus sociaux, une histoire, un terrain, un climat, des comportements;
Par exemple pour les lignes téléphoniques aériennes, "construites à l'américaine"
On peut comprendre une certaine animosité due à leur histoire et comme partout dans ce cas, leur insularité. Cependant, leur attitude ne les fait pas paraître meilleurs que nous, bien au contraire.
Il est question de ces alliances dans le dossier de Dijou, kanak incarcéré pendant les évènement, car bien que les premiers aient été
"les colons" des autres - avec à l'occasion l'injustice qui s'y attache, ou les mots gentils et paternels du genre "tu pues la
roussette" - Calédoniens et kanaks peuvent trouver un intérêt commun à s'allier provisoirement contre la France.
C'est toujours d'actualité. J'en cite dans "c'est la vie" (lien en bas). Pour moi c'était "si vous continuez comme ça,
j'en parle à mon ami de l'Assemblée Territoriale et vous n'allez pas rester longtemps". De retour en 1999, en allant rendre visite aimablement en
retraité et collègue, laissant ma qualité d'ancien "chef" derrière, pour faire revivre quelques souvenirs, j'ai très fortement ressenti la même
aversion viscérale dans deux cas les plus tipés de l'époque, vis à vis des kanaks.
Des gens évolués pourtant, capables et avec lesquels on pouvait avancer. Je dois dire que leurs enfants étaient pire qu'eux à l'époque, carrément provocateurs et grossiers et que ça ne s'est pas arrangé chez certains.
heureusement que beaucoup d'autres m'ont revu avec beaucoup plaisir, sans que je puisse, faute de temps, répondre à leur invitation.
Certes, les français métropolitains n'étaient pas exempts de travers, car il n'y a jamais d'un côté les bons et de l'autre, les méchants. Leurs certitudes et leurs idées toutes faites, en toute inconscience des particularités locales, pouvaient faire germer des incompréhensions sinon des rancoeurs, dont l'écroulement d'un premier pont, emporté par une violente crue charriant d'énormes touffes de bambous et arbres, qui m'a été relaté d'emblée. On y souffrait également d'une administration métroplitaine archaîque et incompétente, de rivalités au ministère, d'absence de cohésion avec les services des Telecom métropolitains, de matériels et outillage non adaptés ou inutilisables, reçus après six mois d'attente. Inutile d'insister donc, sur les dificultés d'approvisionnement en pièces détachées, ce que j'ai retrouvé plus tard dans les nos Antilles. De fait, ce schéma est bien français et quarante ans après, il est encore bien enraciné en métropole. En toute inconscience.
Reconstitution de la face du Grand Chef Ataï, instigateur de la grande révolte de 1878 et décapité par représailles, dont le crâne vient d'être restitué aux siens, début septembre 2014, après avoir été conservé dans un musée Parisien pendant 136 ans.
Tous les kanaks ne sont pas indépendantistes et beaucoup ont souffert des "contraintes" exercées par les "libérateurs", jusqu'à fuir leur
village.
Les libérateurs d'aujourd'hui, qui s'appuient exclusivement sur la violence pour parvenir à leurs fins, sont souvent les dictateurs de demain. (comme ce fut le cas pour l'Algérie, toujours dirigée par le FLN, pourrait le devenir pour la Corse, le Pays Basque, la Bretagne ou d'autres). Les métros voient le "colonialisme de Nouvelle Calédonie" avec les images d'un certain passé africain ou indonésien : esclavage, travail forcé, exploitation
à outrance : c'est oublier que les kanaks sont soumis à l'organisation tribale et qu'ils travaillent avant tout pour la tribu, y revenant après avoir gagné assez d'argent
Le rendement leur est totalement étranger de même que l'assiduité.
On ne peut passer sous silence le fait que le gouvernement français ait encouragé l'installation des colons pour affirmer l'occupation ; les volontaires ou les affranchis du bagne recevaient des terres gratuites afin de les exploiter. Des terres que les kanaks parcourraient assez peu étant donné leur faible densité, mais est-ce une raison ? ce n'est toutefois pas comparable au sort des indiens, exterminés puis expulsés bien au-delà de leurs territoires. Pas davantage qu'au sort réservé aux indigènes de Tasmanie par les anglais, ni même qu'à ceux de Namibie par les allemands. |
Toute colonisation s'impose par des pratiques totalitaires et méprisantes. Une des bonnes paroles que l'on pouvait entendre dire par certains colons en
1966/1970, s'adressant à une kanak était "tu pues la roussette" ; les remarques ou plaisanteries douteuses
fusaient facilement, mais pas partout;
Enfin je citerai ce que j'ai connu, le contrôle du revenu du travail.
Expérience personnelle.
Notre femme de ménage kanak (oui, ça commence comme ça dans ces pays, à un certain niveau), qui ne faisait que quelques heures par semaine, venait selon son gré, Il y a eu une nouvelle redistribution des terres, ce que personne ne conteste véritablement car cela ne semble que justice, sauf les propriétaires dépossédés de terres qui leur avaient été données aux fins d'exploitation, ou lorsque la propriété antérieure revendiquée était purement imaginaire.
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La grotte d'Ouvéa (au nord de l'île). Suite à de violents incidents, 4 gendarmes sont abattus par un commando kanak et un groupe d'autres gendarmes sont emprisonnés dans une grotte à Ouvéa (deux autres y mourront). On dit qu'un piège a été tendu pour raisons politiques du plus haut niveau (Président de la République). Une sale affaire politique. suite dans NCaldoc |
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